Nous le savons : la Covid-19 n’épargne aucun pays sur notre planète. Et si nous sommes nous-mêmes durement touchés, beaucoup de pays du Sud cumulent cette crise sanitaire avec une pauvreté endémique. C’est le cas du Sénégal que l’Indicateur de Développement Humain (IDH) positionne à la 164e place sur un total de 189 Etats. Les mesures prises par le gouvernement pour y limiter la propagation du virus (fermeture des frontières, fermeture des marchés, interdiction de tout rassemblement, entre autres) ont un impact catastrophique dans ce pays où l’économie informelle prédomine. La diminution des activités économiques engendre un accroissement rapide de la pauvreté et des inégalités. Les petits entrepreneurs constituent l’un des secteurs les plus affectés, l’Etat n’accordant aucun soutien.
Le Sénégal, un pays jeune et pauvre
52% de la population sénégalaise a moins de 20 ans. De ses 16,2 millions d’habitants au total, un quart vit dans la capitale Dakar et ses environs. Le travail est essentiellement informel, avec de très bas salaires, trop de sous-emploi et une protection sociale quasi inexistante.
Chaque année, le Sénégal voit arriver sur le marché du travail environ 300.000 nouveaux demandeurs d’emploi, résultat d’une démographie galopante dont une bonne part ne sera jamais scolarisée. Très peu disposent d’un diplôme professionnel.
En 2015, selon les dernières statistiques disponibles, le taux de chômage des 15 ans et plus était estimé à 15,7%. Les personnes sans diplôme représentent 39,9% des chômeurs. Sans perspective d’avenir, la jeunesse sénégalaise est de plus en plus tentée par les mirages de l’émigration. Mais le risque est aussi de basculer dans la délinquance et la violence.
En quoi le projet apporte-t-il une solution ?
Le projet soutenu par Frères des Hommes au Sénégal est mené par l’ONG Concept dans deux communes de l’arrondissement de Dakar : Grand-Yoff et Parcelles Assainies. Il vise à améliorer la situation économique et sociale des jeunes sénégalais les plus vulnérables, prioritairement les jeunes femmes, par le biais de formations qui leur permettront de mettre sur pied des activités artisanales rentables. Au départ, il s’agit de jeunes analphabètes et en décrochage scolaire ou en cours d’apprentissage du français. Le projet leur offre la possibilité de devenir progressivement indépendants économiquement et de participer activement à la vie sociale et économique de leur région.
Au moins 60 jeunes bénéficient de l’action. Ils sont formés par des maîtres artisans dans des filières professionnelles telles que la mécanique, la restauration, la couture, l’art, la teinture, etc. 25 maitres reçoivent eux-mêmes une formation préalable afin de transmettre adéquatement leur savoir.
Dernières nouvelles du projet
Concept a démarré les formations des maîtres artisans, et les a aidés à obtenir les outils indispensables à leurs activités. A leur tour, ces artisans ont commencé à former des jeunes sans emploi afin que, dans un futur proche, ils créent leurs propres activités économiques.
Amadou de l’ONG Concept explique : « Dès que c’était possible, nous avons démarré le projet ; d’abord les formations, ensuite, nous avons distribué le matériel de production. A l’heure actuelle, 13 maîtres mécaniciens, 10 couturiers et 2 sérigraphistes ont déjà reçu le matériel nécessaire à leur activité et ont suivi les formations. »
Ce que les jeunes en disent
Ousmane Ndiaye, couturier, fait marcher son petit atelier dans la commune du Grand Yoff. « Ce que j’ai plus aimé avec ce projet c’est d’y avoir été associé dès le début. J’ai bien pu expliquer ce dont j’avais besoin pour améliorer mes connaissances. Car donner une aide sans consulter le principal intéressé ne sert pas à grand-chose. Je peux maintenant confectionner des habits très jolis à un prix abordable.»
Aminata Gueye, teinturière de la commune des Parcelles Assainies, ajoute : « Le matériel reçu est de très bonne qualité, il durera des années. Je peux alors améliorer ma production et augmenter ainsi mes revenus et ceux de mes apprentis ».
« Je suis mécanicien », dit Mbaye Diouf, « et je félicite Concept pour le travail qu’il fait avec nous et avec nos jeunes. D’abord, il faut bien comprendre quels sont nos problèmes. Ensuite, il faut nous former. Et, pour bien faire, il nous faut également pouvoir accéder aux outils de production. Le projet Concept prend ces différents points en considération ! ».
Dans le rude contexte actuel, ces témoignages apportent une bouffée d’oxygène et une note positive qui prouvent que, même là où la réalité est sombre, il se trouve des personnes courageuses pour se battre et construire un monde meilleur.
Si, vous aussi, vous voulez soutenir ce projet, cliquez ici