Selon le rapport du programme des Nations unies sur la situation du Guatemala, 3.004 personnes ont été tuées dans ce pays en 2022, ce qui représente l’assassinat violent de 8 personnes chaque jour. Cette même année, 170 femmes et fillettes ont été violentées. Au moins une femme ou une enfant est assassinée quotidiennement, juste parce qu’elle est de sexe féminin. En moyenne, 19 viols sont perpétrés par jour. La situation des femmes guatémaltèques est donc dramatique.
En quoi consiste le projet de Frères des Hommes ?
Serjus, partenaire de longue date de Frères des Hommes, défend les droits des populations les plus démunies du pays. Le projet que nous soutenons concerne la formation à la participation citoyenne. Celle-ci s’étend sur plusieurs jours dans l’année et, parmi les sujets traités, Serjus aborde les droits des femmes et la lutte contre toutes les formes de violence dont elles sont victimes.
Chaque année, Serjus forme 30 dirigeantes et dirigeants des communautés indigènes à défendre leurs droits au travers de l’école d’éducation populaire. L’organisation veille à ce qu’y participent au moins 15 femmes représentantes d’organisations communautaires de base. Une partie de la formation (destinée tant aux hommes qu’aux femmes) concerne les droits des femmes et la prévention contre la violence machiste.
Serjus soutient également des groupes de parole pour les femmes qui, en racontant leur vie, s’entraident mutuellement. Ces témoignages permettent non seulement de rompre leur isolement, mais aussi de reconstruire l’Histoire du pays à partir des récits des peuples généralement oubliés.
Témoignages de femmes guatémaltèques
Pilar, 54 ans, membre de la Commission de la Femme de Chichicastenango, explique :
« J’ai vécu le conflit armé des années ’80 où nous avons vu mourir des membres de notre communauté. Je n’avais que 7 ans quand on nous a mis une arme sur le front afin que nous révélions où se cachaient les résistants. Ces événements ont marqué nos vies. Plus tard, j’ai appris ce que faisait Serjus pour les communautés indigènes et pour les femmes. Lors de ses formations, j’ai découvert la valeur de la femme et notre rôle fondamental auprès de la famille et de la société. Nous ne méritons pas de mauvais traitement, juste par le fait d’être femme ! »
María, de Xecaracoj, explique qu’elle a été confrontée au machisme à la campagne. Alors qu’elle voulait protéger sa vallée dont des entreprises exploitaient sans contrôle les ressources naturelles minérales, elle a intégré une organisation communautaire malgré l’opposition de son mari :
« J’ai demandé à mon mari pourquoi il refusait que j’intègre cette organisation. Il m’a dit que ce n’était pas bien parce que les réunions finissaient trop tard et que les hommes y parlaient avec les femmes. Au bout du compte, il disait que les femmes ne respectaient plus leur mari. Soutenue par Serjus, j’ai entamé un dialogue avec lui et il a finalement accepté mon engagement solidaire. J’ai alors été élue membre de la Mairie Communautaire (organisation traditionnelle) et même si ce n’est pas facile pour moi, j’ai déjà gagné en expérience. Avec le temps, j’ai appris à exprimer ce que je pense. »
Rosa, de Pachaj, n’a jamais pu oublier le moment où des soldats sont arrivés chez elle et lui ont tiré une balle dans le bras :
« Des voisins m’ont soignée…et même si c’est du passé, les cicatrices de cette nuit me font toujours sentir la douleur et la peur du moment vécu. Quelques années plus tard, j’ai pu participer à un atelier concernant la santé mentale et cela m’a fait beaucoup de bien. Ensuite, Serjus m’a invitée à prendre part à d’autres ateliers. Tout cela m’a aidée, je suis plus mûre, je peux surmonter les problèmes de la vie. »
Julia, de Quetzaltenango, raconte qu’elle s’est mariée à 16 ans car elle voulait échapper à la violence de son père. Mais au sein de son couple, l’histoire se répétait :
« J’ai rencontré une femme qui m’a parlé du réseau d’entraide entre femmes. C’est ainsi que j’ai été sensibilisée aux droits de la femme et que j’ai appris à m’accepter telle que je suis. Il est difficile de trouver des personnes qui nous aident à mieux comprendre notre situation, surtout en tant que femme indigène. Maintenant, les choses ont changé. Mon mari et moi avons participé ensemble à des ateliers et il est même devenu mon principal soutien. »
Si, vous aussi, vous voulez soutenir ce projet, cliquez ici