Si l’économie bolivienne a timidement redressé la tête à partir de 2006, ces cinq dernières années ont néanmoins été très négatives pour le pays : ralentissement de la croissance économique, augmentation du chômage, violents conflits socio-politiques, division au sein du gouvernement populaire, corruption, etc…Tous ces éléments mettent aujourd’hui en péril la stabilité du pays.
Par ailleurs, certains secteurs ont énormément de difficultés à se redresser depuis la pandémie. C’est le cas du tourisme. Or, certains acteurs boliviens ont développé un tourisme alternatif qui constitue une source de revenus essentiels pour les familles paysannes les plus pauvres.
En quoi consiste le projet de Frères des Hommes ?
Frères des Hommes travaille depuis des années avec Tusoco, réseau de tourisme communautaire et solidaire. Il rassemble 22 organisations paysannes communautaires qui pratiquent un tourisme alternatif conforme aux principes du développement durable.
Dans ce projet, agroécologie et tourisme communautaire se conjuguent pour garantir des revenus suffisants aux petits producteurs. En effet, en plus de leur rôle essentiel en tant que paysans œuvrant pour la sécurité alimentaire, les bénéficiaires – en développant un tourisme communautaire – s’investissent dans la préservation de l’environnement et du patrimoine de leur communauté. Bénéficiant de formations, ces paysans acquièrent les compétences nécessaires pour faire découvrir les richesses naturelles et culturelles locales aux visiteurs à travers des circuits touristiques, des traditions culinaires locales, etc.
Outre les formations, Tusoco accompagne les paysans dans leurs difficultés et propose aussi, par exemple, de créer des potagers et de reboiser certains espaces. Une solution pour atténuer les effets du réchauffement climatique et promouvoir la sécurité alimentaire dans les communautés indigènes.
Témoignages de Don Dalmiro, Doña Lidia et Don René
« Avant nous avions une pompe qui nous procurait un accès permanent à l’eau, pour nous et pour nos visiteurs. Quand il faisait trop sec, nous pouvions toujours arroser nos potager. Mais des incendies ont détruit une partie de notre auberge, y compris la pompe à eau ! La pandémie nous avait déjà causé tellement de dégâts, il ne manquait plus que ça ! »
C’est ainsi queDon Dalmiro explique que cette année, sa communauté ne pourra pas accueillir des visiteurs. Le dérèglement climatique accentue le phénomène de sécheresse dans la région de Santa Cruz, où habite Don Dalmiro. Et en plus, aujourd’hui, la pompe à eau ne fonctionne plus.
Alors Tusoco se mobilise pour trouver des fonds et aider l’organisation de Don Dalmiro à redémarrer ses activités.
Doña Lidia et Don René, quant à eux, témoignent : « La jeunesse quitte la campagne », raconte Don René, « et avec ma femme Lidia, nous nous battons pour pouvoir vivre de nos activités : le tourisme communautaire, la production agricole, la fabrication de médicaments et la vente de l’artisanat. » Et pendant que Doña Lidia va récolter le maïs et les salades de son potager pour préparer le repas du soir, Don René monte son stand et propose divers produits artisanaux aux touristes qui viennent loger dans leur auberge.
« Ici, nous sommes 20 familles. Et tous ensemble, nous pratiquons le tourisme communautaire. Moi, j’aime montrer ce que j’ai appris de mes parents et de mes grands-parents : soigner à base de plantes locales les petits maux du quotidien. Les visiteurs apprécient mes connaissances et s’intéressent à ma culture et à l’environnement », dit avec fierté Don René.
Et Doña Lidia ajoute : « Je travaille avec un métier à tisser qui est très mobile. Je l’installe par terre et je n’ai plus qu’à commencer à tisser. Les touristes me demandent souvent d’où viennent mes dessins. Je leurs réponds que ce sont des petites figures qui se trouvent dans ma tête. C’est ma mère qui m’a transmis cette tradition du tissage. Je leur montre comment faire et ils sont ravis d’apprendre. »
Si, vous aussi, vous voulez soutenir ce projet, cliquez ici