Le calvaire de la population de l’Est du Congo

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Dans les années 90, les guerres qui sévissaient dans les pays limitrophes se sont exportées vers l’Est du Congo qui en est, depuis lors, victime. Avec 6 millions de morts et 5.5 millions de déplacés, la population congolaise paie un lourd tribut à cette guerre qui a plongé les habitants dans l’insécurité permanente, la violence et la famine. Les camps de réfugiés se multiplient à la sortie de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, confrontés à un immense drame humain.

Autour d’eux, c’est le M23 et la coalition FARDC-Wazalendo qui s’affrontent. Les premiers, qui affirment vouloir défendre les populations tutsis de l’Est, ont conquis un important territoire du Nord-Kivu. Soutenus par Kigali, qui s’en défend, ils participent au pillage des ressources de la région, essentiellement du coltan, de la cassitérite, du tungstène et de l’or qui seraient livrées aux industries chinoises. Alors, le 19 février dernier, lorsque l’Union européenne a signé, avec le Rwanda, un protocole d’accord relatif à l’exploitation de matières premières, le président congolais, Félix Tshisekedi, n’a pas manqué de manifester sa colère à l’encontre des deux partenaires.

Rappelons que dans les mines de la région sévit un véritable régime d’esclavage où des enfants, parfois très jeunes, sont exploités pour leurs capacités à se faufiler dans les tunnels étroits, sont exposés à des substances toxiques et à des abus sexuels. S’ils se retrouvent là, c’est en raison de la pauvreté endémique qui frappe les habitants, les poussant à envoyer leurs enfants à la mine.

Face au M23, les Forces armées de la RDC (FARDC) se sont alliées avec des groupes armés de la zone (qu’ils combattaient auparavant) afin de faire front. Ce sont les Wazalendo ou « patriotes ». D’après cette coalition, le M23 cherche à rattacher cette riche région minière au Rwanda ou à y établir un état indépendant sur lequel Kigali aurait la mainmise.

Autour de la ligne de front, les exactions à l’encontre des civils se multiplient de part et d’autre des deux camps, provoquant un afflux de blessés vers les hôpitaux et d’innombrables victimes. Les femmes subissent des viols particulièrement atroces et parfois à répétition. L’ONU estime que depuis 1998, plus de 200.000 femmes auraient été violées.

A Bukavu, dans le Sud-Kivu également affecté par l’exploitation minière, la population a manifesté le 15 février dernier contre la guerre qui sévit dans la province voisine, exigeant notamment du gouvernement congolais la fermeture des frontières avec le Rwanda et l’Ouganda.