Nous dénonçons encore une mesure invraisemblable prise contre le MST, qui est en accord avec les orientations répressives du gouvernement de Monsieur Bolsonaro.
Depuis le début des années 2000, FDH a soutenu le cours « Pé no chao » (pied dans la terre) qui se donne à l’école Paulo Freire dans l’assentamento Normandia, près de la ville de Caruaru, dans l’État de Pernambouco, au Nord-est du Brésil. Ce centre de formation a été créé par le MST sur une terre obtenue après des années de lutte. Il a comme but de contribuer à l’éducation et à la formation des paysans les plus pauvres de la région. Après plusieurs années de négociations, le MST a conquis légalement la propriété de cet « assentamento » (terre collective obtenue grâce à la pression des paysans et à la loi de la Réforme agraire) et a décidé d’utiliser quelques hectares du terrain pour mettre en place l’école du mouvement. Avec des ressources obtenues de la solidarité internationale, mais principalement des fonds officiels du Brésil (de l’institut de la Réforme agraire, INCRA, entre autres), le MST a construit un grand bâtiment destiné à accueillir les élèves pour les formations en agro-écologie et citoyenneté.
Après plusieurs années de fonctionnement, le Centre est devenu un pôle de formation au niveau de la région, du pays, et au niveau international. On y donne des cours organisés par le MST ainsi que par d’autres mouvements, organisations, institutions, etc.
C’est ainsi qu’en 2011, Frères des Hommes Belgique a organisé une rencontre internationale dans le centre. En plus d’utiliser l’infrastructure pour la rencontre, FDH et les participants venus de six pays différents ont pu également apprendre les méthodes en agro-écologie qui sont utilisées par le MST pour former les jeunes paysans. Le Centre a été et est un lieu de rencontre et d’apprentissage idéal pour tous ceux qui s’intéressent à la participation citoyenne et à l’agro-écologie.
Et voilà que ces derniers jours, il nous arrive la nouvelle que l’INCRA accuse le Centre de Formation Paulo Freire de Pernambouco de construire des bâtiments sans avoir eu les autorisations légales, et avec beaucoup d’irrégularités. Et, pour cette raison, un juge aurait approuvé la destruction du Centre, ainsi que d’autres constructions qui servent à la formation agro-écologique. Cette décision est d’autant plus absurde car c’est le propre INCRA qui, des années précédentes, a contribué à financer une partie du Centre, ainsi que des cours qui sont donnés dans l’établissement. On ne peut pas s’empêcher de penser à une intimidation de plus, parmi des centaines, que le gouvernement fait aux mouvements populaires au Brésil, surtout au MST. Ce mouvement paysan a une importance cruciale pour la société civile, c’est pour cela qu’on s’acharne à le cadenasser, l’intimider et essayer de l’achever.
Frères des Hommes, qui a connu de très près toute l’évolution de ce Centre de formation et qui a même organisé ses propres formations dans le Centre, dénonce cette nouvelle tentative de réprimer un mouvement social de l’envergure du MST.
Voici la dénonciation faite par le MST.