En ce début novembre, l’Amérique centrale a été affectée par la tempête tropicale ETA. Le Guatemala figure parmi les pays fortement impactés. Une catastrophe climatique qui s’ajoute malheureusement à l’épidémie de Covid-19. Nous reproduisons ci-dessous un courrier de notre partenaire guatémaltèque Serjus qui relate les dommages subis par la population.
Chers ami(e)s,
Nous vous remercions pour l’intérêt manifesté à l’égard de la situation au Guatemala après le passage de la tempête tropicale ETA. Les membres de l’équipe de Serjus se portent bien. Les communautés que nous accompagnons dans la région occidentale n’ont pas été directement affectées, mais en raison des pluies constantes, on prévoit des pertes de cultures et de semences pour le prochain cycle. Dans la région métropolitaine, il y a eu quelques effondrements et beaucoup de communautés sont en danger. La région la plus touchée par les inondations est Ixcan. Dans les départements d’Alta Verapaz et Izabel où se trouvent des organisations soutenues par Serjus, le paysage est désolant, entre glissements de terrain, inondations, habitations et biens totalement détruits. Il y a des communautés que l’on n’a pas été en mesure de rejoindre et donc des personnes qui n’ont pas mangé depuis 5 jours.
Sur le plan national, les départements touchés par la tempête ETA sont les suivants : Petén, Quiché, Alta Verapaz, Izabal, Chiquimula, Zacapa, Jutiapa, El Progreso et Santa Rosa. Les inondations et glissements de terrain ont provoqué des centaines de morts et l’isolement de dizaines de communautés. On dénombre 70.000 victimes, 101 routes endommagées et aucun système de protection civile qui ne réagisse ou n’ait anticipé ces désastres. Il n’existe pas de système réel de prévention des catastrophes au niveau de l’Etat. Selon un rapport de la Coordination Nationale des Désastres (Conred), on estime que 16.278 personnes ont été affectées par la tempête ETA, 69.520 ont été évacuées, 9.174 ont dû être hébergées, victimes auxquelles s’ajoutent 105 disparus et 31 morts.
Dans les communes des plaines de la région Nord du pays (Ixcán, Quiché, Sayaxché, Petén, Chisec, Raxruhá, Fray Bartolomé de las Casas et Panzós, Alta Verapaz), l’organisation citoyenne chargée de la défense de l’eau, Qana’Ch’och’, nous signale qu’il y a beaucoup de dégâts touchant la population, les habitations et les cultures, sans pouvoir toutefois disposer de données officielles sur les dommages provoqués par la tempête. Les réseaux sociaux jouent le rôle d’informateurs au sein des zones les plus affectées.
Aux environs du km 8 de la route vers Santa Cruz Chinautla, parmi la population indigène Pocomam, un nombre inconnu de personnes ont disparu dans un effondrement. Parmi celles-ci, nous déplorons le décès de deux leaders de base qui collaboraient avec Serjus. En raison de la hausse du niveau d’eau, le fleuve Las Vacas a charrié des déchets, endommageant l’école publique de la localité. De plus, les déplacements sont difficiles dans la mesure où beaucoup de chemins sont assez endommagés. Il n’y a pas de transport et beaucoup de communautés n’ont ni électricité, ni eau, ni nourriture.
De toute évidence, l’épidémie de Covid19 et l’impact de la tempête tropicale auront un impact négatif considérable sur l’accès à l’alimentation des communautés dans le futur (1).
Heureusement, la solidarité entre communautés, villages et organisations permet de soulager les besoins urgents en termes d’aliments, eau, vêtements, médicaments entre autres, le gouvernement central n’ayant pas réagi, ni apporté aucune aide à ces communautés.
Serjus a collaboré à la collecte de vivres et de vêtements qui seront transportés mardi vers une organisation de Cobán, UVOC, avec laquelle nous sommes en contact dans le département d’Alta Verapaz et qui fait partie d’un réseau d’éducateurs et éducatrices populaires.
Selon les informations provenant des communautés, les inondations ont été très importantes car, au Honduras comme au Guatemala, les grandes centrales hydroélectriques ont ouvert leurs vannes, ce qui a entraîné la submersion rapide des zones. De plus, la déviation des fleuves entreprises pour le bénéfice de grandes plantations telles que palmiers à huile, canne à sucre, caoutchouc et bananiers a provoqué le débordement abrupt de leur lit.
(1) voir l’article « Eta : agricultores en 9 departamentos pierden hasta Q32 millones, según cifras preliminares » par Rosa María Bolaños Prensa Libre, 9 novembre 2020
(Traduction des données figurant sur la carte)
Les chiffres publiés par le gouvernement ce 10 novembre sont les suivants :
873 incidents, 3.478 personnes en danger, 372.053 victimes, 23.524 personnes affectées, 92.234 personnes évacuées, 103.358 personnes prises en charge, 15.929 personnes hébergées, 99 disparus, 15 blessés, 44 morts, 800 habitations menaçant de s’effondrer, 1.759 habitations ayant subi de légers dommages, 20.556 habitations ayant subi des dommages modérés, 1.005 habitations ayant subi des dommages importants, 131 routes endommagées, 11 routes détruites, 10 édifices, 32 écoles et 20 ponts endommagés, 17 ponts détruits.